From: Miod Vallat Date: Tue, 17 Jun 2003 21:36:11 +0000 (UTC) [supersede, deux typos dans l'article initial] >> Ça fonctionne correctement quand le code n'est pas mal >> embouché. Réindente le correctement... > > Il est indenté en k&r, regarde les sources, tu les as. Erreur. C'est presque du 1TBS, mais les paramètres de fonctions ne sont pas indentés d'une tabulation, ce qui perturbe diff -p. Voilà, t'es content ? Dire que je me force à faire des réponses techniques parce que tu n'es pas assez subtil. Alors... (version .html pour compilation, sur demande) Voici ma recette de lentilles vertes du Puy au Morbier. Les lentilles se marient généralement bien avec tous les fromages à pâte non cuite, et de préférence modérément ou très salés : bleus bien sûr, mais aussi reblochon, morbier, murol (pour ceux qui ont les moyens). Par contre, St Nectaire et fourme de Rochefort, pour ne citer que ces deux-là, donnent des résultats exécrables. ---------- Ce plat est déconseillé aux personnes ne supportant pas les lentilles, le sel, ou le fromage. * Ingrédients (par personne, adapter au nombre de convives) : - 150 à 200 grammes de lentilles vertes du Puy, selon appétit ; - 80 à 100 grammes de morbier frais ; (Variante : on pourra avec plus ou moins de succès remplacer le Morbier par du Murol, où du Reblochon ; je n'ai personnellement essayé ni l'un, ni l'autre...) - Une ou deux noisettes de saindoux, ou de margarine ; à défaut, une cuillérée à soupe d'huile (que je préfère maintenant au saindoux) ; au pire, deux noisettes de beurre. * Préparation et cuisson (compter 1 journée et un quart d'heure) Une journée ? Eh oui, n'oubliez pas que ce sont de lentilles dont il s'agit. Les lentilles sont naturellement hypocrites, et bien qu'hydrophiles, ne l'avoueront jamais sans passer préalablement par le supplice de la noyade. Et qu'on ne me parle pas de bicarbonate ! Prenez une grande casserolle, capable de contenir au moins trois fois le volume des lentilles. Remplissez-la d'eau aux deux tiers, salez modérement, et trempez-y les lentilles, en fin de soirée. Laissez passer toute la nuit. Après avoir retrouvé une écumoire, videz l'eau (si vous avez de la famille Shadok, il n'est pas impossible qu'ils puissent vous prêter une passoire ad hoc). Vous allez constater que les lentilles sont beaucoup moins insolentes que la veille ! Après en avoir retiré la croûte, découpez le morbier en petits blocs vaguement parallépipédiques, d'une dizaine de millimètres de côté, histoire qu'ils puissent fondre rapidement ; gardez de côté environ un bloc sur dix, pour plus tard. Sortez le vin et débouchez-le, pendant que vous y êtes. Et même, vous auriez pu le faire un peu avant. (Si, pauvre hère, vous ne disposez que de plaques électriques, commencez d'ores et déjà de suivre les instructions du ramequin de fromage, plus bas. Puis, au bout de quatre ou cinq minutes, continuez sur les lentilles, juste en dessous). Les choses sérieuses peuvent commencer maintenant. Remettez les lentilles égoutées dans la casserolle, couvrez-les à nouveau d'eau à la moitié (pour une petite quantité de lentilles) ou aux deux tiers (pour une grande quantité, disons trois personnes ou plus). Salez encore l'eau, mais très peu, juste pour le principe - n'oubliez pas que le fromage va apporter du sien. Portez à ébullition, et préparez-vous à dix à quinze minutes de cuisson. Pendant que la casserolle des lentilles chauffe, prenez un petit ramequin, une petite casserolle, enfin tout plat pouvant aller au feu sans dommage. Installez-y vos deux noisettes de saindoux, margarine, ou beurre, ou votre cuillérée à soupe d'huile. Si vous avez des plaques électriques, mettez le tout à feu doux dès que possible, jusqu'à ce que les noisettes soient misérables, où que l'huile soit chaude ; si vous avez une cuisine correcte, portez le ramequin à flamme forte pendant une minute à peine, puis revenez à feux doux. Versez les neuf dixièmes du fromage dans le ramequin, laissez-le fondre en remuant un peu. Ceci devrait prendre quelques minutes ­ évidemment sur plaque électrique, la loi de Murphy en voudra autrement, mais c'est de votre faute. Une fois le fromage bien pâteux, même si quelques blocs subsistent, n'attendez pas que le fromage attache au fond du ramequin (de toute façon, il a commencé, légerement, rien qu'une spatule ne puisse décoller), versez le contenu du ramequin dans la casserolle de lentilles. Vous pouvez maintenant commencer à tourner vigoureusement les lentilles et le morbier fondu, pendant la dizaine de minutes (moins pour les gourmands pressés) qu'il reste à attendre. Versez maintenant les dix pourcent de fromage restant dans le ramequin, que vous maintiendrez à feu trèèèèès doux - voire en dehors de toute flamme. Deux ou trois minutes avant la fin de la cuisson des lentilles, repassez en flamme forte et faites fondre le fromage ; dès qu'il commence à attacher, coupez le feu et versez le fromage au fond des assiettes. Surveillez bien entendu vos convives, afin qu'ils n'attaquent pas le fromage fondu pendant que personne ne prête attention. Une fois les lentilles cuites, égoutez les à moitié (le jus contient du fromage fondu, il faut en conserver !), et remplissez les assiettes, au dessus du fromage à moitié fondu qui les tapisse. Cependant, il est hors de question que chacun se jette sur son assiette. Avant de manger, que chacun mélange pendant une minute ou deux le morbier qui tapisse son assiette avec les lentilles qui le recouvrent, d'un geste nonchalant, avec une fourchette pour tout instrument. Le morbier va, naturellement, devenir un peu filandreux et créer de vagues «flaques» blanchâtres, que l'on aura soin de mélanger aux lentilles, devenues gris foncé, afin de former un treillis à peine plus gris que blanc. Quand votre assiette est suffisamment homogène, salez légèrement. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bon appétit et une bonne dégustation. Attention, c'est chaud. * Vin Pour accompagner les lentilles au morbier, je recommande un côte du Rhône ou Beaujolais (Tavel, à défaut Juliénas), ou un Bordeaux doux, comme un Graves ou un Première côte de Blaye. Libre à vous, bien sûr, de tenter d'autres choix de vin. «Quand on vient manger chez Miod, on n'est jamais déçu par le fromage.» -- Brice Cazaux